Tuesday, October 12, 2010

MONDRIAN VS GONZAI







































Post qui (s’auto-droit-de-)répond à l’article paru dans Gonzaï et où il est question de MONDRIAN (http://gonzai.com/les-musiciens-anonymes-unsigned-sealed-delivered-i%E2%80%99m-yours).


Il était une fois le Salon du Livre 2010. Je, Roman Oswald, rencontre un chanteur français indé dans le dédale des stands. Il est là pour signer un livre. Je (qui n’est pas un autre) connais ce chanteur français, je le salue et on commence à tailler le bout de gras sur tout et rien, surtout sur LE rien. Hier avait lieu la soirée d’inauguration du Salon du Livre, et il m’en conte son expérience personnelle : il était tranquillement accoudé à une pile de livres, une coupe à la main, quand soudain il est bousculé par un escogriffe hautain qui ne s’excuse pas. Il porte un T-Shirt sur lequel est écrit : « I’m not like everybody else ». Dès lors, il serait hors de propos qu’il se présente, car nous savons déjà tout de lui : ses goûts musicaux sont plus que respectables, contrairement à son sans-gêne. Son agilité à zigzaguer entre les stands pour chiper une coupe par-ci une coupe par-là est remarquable, et témoigne plus que d’une habitude, d’un savoir-faire. Personnellement, ni le chanteur français ni moi n’associons ce genre d’attitude à un journaliste de la presse indé, mais pourtant, ça ne rate pas : il travaille pour Gonzaï. Il se sent si bien dans sa peau qu’il allume une cigarette et écrase dans le même mouvement son mégot sur la pile de livres précédemment citée. Ce qui advint alors est pathétique, et se rapproche de ce que ce même journaliste avait écrit concernant certaines personnes dans certains milieux plus ou moins artistiques qui sont prêtes à tout pour qu’on remarque leur travail si travail il en est, me souffle un éditeur indé qui nous a rejoint et qui était présent hier soir : comme quoi, on s’autorise souvent à critiquer ce vers quoi on peut parfois tendre (avant Lacan, je cite Freud à la barre). Bref. Revenons à notre mouton : allant outre tout forme de politesse, il coupe la parole à l’interlocuteur du chanteur français, et demande à ce dernier quand est-ce qu’il va sortir un bon disque, enfin, un disque quoi. Le chanteur français répond qu’il est ici pour un livre, et qu’en ce qui concerne la musique, ces temps-ci, c’est opération stand-by. Le chanteur français, prenant son courage à deux mains, en profite pour lui donner un exemplaire du dit-livre, et lui proposer de le lire et peut-être d’en faire un compte-rendu dans son webzine. Le journaliste argue qu’un livre, non, c’est pas son truc (que fait-il donc au Salon du Livre, alors ?) et qu’il attendra le disque pour la chronique (notons que le premier disque du chanteur français n’a jamais été chroniqué dans Gonzaï, mais ce n’est qu’un détail, vous me direz). A peine le temps de répliquer que le journaliste est déjà à taper dans l’épaule d’un écrivain sur le stand d’en face, écrivain qui semble gêné d’afficher une complicité qu’il n’a jamais eue (à part peut-être durant une interview dans un bar de Pigalle une demi-heure montre en main il y a deux-trois ans) avec Monsieur PseudoPacadis sans la saveur soufrée.


Voilà, (presque) tout est dit. Je vais maintenant poser la question qui sous-tend la question qui sous-tend la question : QUI FAIT SA PUTE ?


Je (qui n’est maintenant plus un autre) n’ai pourtant pas été (trop) éreinté dans cet article. Mon mail a été le déclencheur d’un ras-le-bol auquel j’oppose le concept d’inférence, ce qui veut dire prosaïquement que nous, MONDRIAN, approuvons à 1200% ce qui est écrit dans l’article de Lester Bangs, heu, Bester Langs paru dans Bodoï, heu, Gonzaï


JE NE VAIS PAS JOUER LA VICTIME. Mais comment faire autrement ? JE CROIS QU’ON EST TOUS D’ACCORD LA-DESSUS. Nous, MONDRIAN, nous faisons des concerts, des clips, des radios… Quand on sort un EP (et c’est notre premier donc d’autant plus), on a quand même envie que des gens du milieu l’écoutent. Donc on mail, si possible de manière intelligente, « raffinée » comme ils disent, même si l’on sent poindre l’ironie de ce mot dans leur bouche. ET VOILA CE QUI ARRIVE. Logique. Quand un musicien (quasi-)anonyme quémande, un critique (presque-)homonyme met à l’amende. C’est la règle du jeu : si toi anonymo tu veux t’exposer, lui gonzo peut t’exploser (que reste-t-il d’un musicien anonyme réduit à néant… un anonyme anonyme ?). Le tout est affaire de style. Et d’aucuns savent qu’un gonzo naît sous l’étoile du style, comme nous allons le voir dans cette analyse de texte, dont nous excusons par avance le côté didactique.


« Les Mondrian, […] Une bande de joyeux drills sans doute »


-         POUETT !!! Putain c’est qui ?! Ah !!!!!!!! Tu vois, comme je te disais, MONDRIAN, c’est une bande potes, où franchement, sans déc’, il y a une ambiance vraiment à la cool… Oh ! T’as entendu ? Putain c’est un coup de Marcus celui-ci par contre, j’en suis sûr ! Oh ma couille, tu viendrais pas de lâcher un gros pet en loucedé là, je reconnais ton odeur, ça fouette le cassoulet. Ah, ah, Roman ! Tu m’as grillé ! T’es trop fort, Marcus !


« qui possède un boulot alimentaire » + « avant de reprendre son boulot d’employé à la Poste »


Nous constatons que L.B. (Lester Bangs) est très préoccupé par le fait d’une rentrée de salaire mensuelle, ou du moins d’une stabilité financière chez les m.a. (musiciens anonymes, pas de majuscules SVP). S’il insiste autant sur ce point, c’est peut-être que l’auteur de ces lignes a vécu une époque de pénurie (ou aurait-il l’appréhension de vivre dans un futur proche ce genre de situation ? Lacan cancanerait) et qu’il vous donne à penser qu’il vous comprend vraiment. O dure labeur qu’est la vie d’un m.a., il existe immanquablement de longs jours sans pain succédant à des mois de vache maigre. L’empathie du critique est palpable, elle l’emporterait même sur son droit de réserve. Regardez, un membre de MONDRIAN vient juste de se jeter sur une barre de nougat pour cacher les larmes qui lui montent aux yeux. Nous, musiciens anonymes, nous venons de trouver une épaule sur laquelle se reposer, après été adopté par l’oreille qui a su nous écouter (entre les lignes, Lester Bangs nous fait comprendre que depuis que nous lui avons donné notre lien Bandcamp, il n’a fait qu’écouter et réécouter notre premier EP autoproduit : qui nous a mis cette âme charitable sur notre chemin ? Oserons-nous parler de dive miracle ? Car, dans tous les cas, cela nous dépasse, oui, cela vient de plus haut). Nous, les musiciens anonymes, sommes sûrs d’une chose : de tels oracles ne peuvent être rendus que par certains dieux, dont ô grand Lester Bangs, vous faites parties.


 « J’imagine d’ici la petite amie qui souffle sur ses mèches parce que le garçon est encore derrière son ordi le dimanche à minuit, trop occupé qu’il est à gérer sa double vie pour remarquer la culotte achetée la veille chez H&M. Jusque là, rien d’exceptionnel. »


La geekerie, ajoutée à l’activité musicale de type électro, empêchent tout contact physique avec le concept de fille et le concept de culotte qui lui est probablement lié (je ne sais). Le mur porteur de notre appartement nous suffit : grâce à une sous-isolation phonique, nous évoluons régulièrement le niveau de nuisance des gémissements de notre voisine de palier. Enfin, si éventuellement un jour il arrivait à un de nous de connaître l’amour, on demanderait expressément à notre Lara Croft de ne pas porter de petite culotte (je préfère ne pas).


« ces très sympathiques Mondrian »


Sympathique : adjectif neutre, sans saveur ; adjectif inhabituel dans le stylo d’un homme de style comme Lester Bangs, heu, non, Bester Langs, c’est vrai ; très loin de l’émotion que peut vous procurer l’usage de l’adjectif « [ces jeunes gens] modernes » dans l’article du même auteur sur Poney Express (http://gonzai.com/poney-express-desorient-express-in-the-middle-of-nowhere : il est vrai que, plus bas, nous lisons que Poney Express est un groupe de première classe, donc loin d’être des musiciens anonymes) ; adjectif qui est comme l’encre : invisible. C’est à se demander si l’utilisation de cette formule, « ces très sympathiques Mondrian », n’engagent pas le lecteur à sourire de la condition quelque peu sitcomesque de quatre post-ados croyant encore à la forceu diu rockèneurolle… Non non non, nous ne croyons pas à l’usage de l’ironie dans un webzine aussi intègre que Gonzaï.


« quémandant un peu d’attention et d’écoute pour leur art, moyennant quoi le dit rédacteur recevra un commentaire gracieux, un mail, des fleurs, une bise à la bière lors d’un futur concert. »


MONDRIAN en concert ce samedi 16 octobre au Be There, 19 rue des 2 ponts, sur l’île Saint-Louis (Paris, IVème arr.). La bière est peut-être à plus de 4euros, à vérifier = c’est l’île Saint-Louis, gros.


« Les newcomers, puisque tel est leur nom, nous les avons souvent soutenu, encouragé à continuer sans que leur chemin soit pour autant pavé d’or. Certains ont depuis signé un premier album (Da Brasilians, Shit Browne, Guillaume Fédou, Cercueil[,] Tahiti Boy, Koudlam, etc) d’autres ont continué d’œuvrer dans l’ombre (Rien, Trinité, Limousine, Tristan Poupée alias Françoise) sans que leurs talents soient pour autant remis en question. »


OK. Sauf que certains de ces groupes ont des labels. Donc privilège pour la promo, tout de même. Passons.



"[M]ais où veut-il en venir, bordel?"



Tout journaliste gonzo digne de ce nom se doit de se perdre un moment ou un autre dans sa propre logorrhée. Voilà pourquoi, pour amorcer une conclusion claire qui tarde à venir, il utilise la ruse du monologue intérieur (voir Edouard Dujardin, Les lauriers sont coupés).





Dans le mail que j’ai envoyé au webzine, je répétais plus d’une fois que notre EP était à écouter sur notre nouvellement Bandcamp, et non sur Myspace. Ces mêmes journalistes vous diront que Myspace c’est nul blablabla mais bon, ze good old réflexe de base parce qu’on s’en bat les flancs est de donner le Myspace du musicien anonyme alors que nul EP se trouve téléchargeable sur ce réseau social. Alors, où l’avez-vous écouté notre EP, puisqu’il n’est pas sur Myspace ? Si vous ne voulez pas être un webzine « comme il en existe des centaines à Paris, et dix [fois] plus en province » (dixit), arrêtez de regarder béatement l’ordonnance des nuages pour y trouver une image familière, siouplé, et revenez à des choses cartésiennes, comme « être encore derrière son écran à la quarantaine le dimanche soir » (dixit). Il est vrai  qu’on est un peu tatillon chez les m.a…. Vraiment, pour qui on se prend ?


Et puis merde, cela ne m’amuse pas de trouver des vices de forme à cet article. Rien qu’à voir les commentaires, ("tous ces groupes qui font de la merde" = et les critiques, jamais?") on tourne en rond, on se renvoie la balle, et finalement, on se la prend tous dans la gueule. Est-ce de la critique constructive ? Voilà, en tout cas, ma petite part débile apportée à l’édifice. Bises amicales à Lester Bangs (y'a qu'ça qui compte), car au final, on pense peu ou prou la même chose, non ?




Roman Oswald, 12 octobre 2010.





P.S. : "Pourquoi fait-on de la musique?" Bah, parce qu'on aime ça, connard.

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